Toulon. Le bon bruit du « Boucan »

La jeune génération fait bouger le Toulon des restaurants. Normal. Il ne manquerait plus qu’elle s’endorme ! Dans cette courte collection, voici une table qui ne cherche pas à briller : zéro branchitude, pas de copain archi ou designer dans la manche, l’assiette simple et bonne et ce déclic cuisine-accueil qui vous alerte, de buzz en buzz . C’est tout bête, la bistronomie quand çà marche !

Appelez-le comme vous voudrez mais dans la longue rue Jean Jaurès, ce bistrot bien nommé fait un joli bruit. Le Bistrot du Boucan, inutile de traduire. Pour être précis, c’est la table de Jessica Boucart, pure toulonnaise et pas vraiment en panne d’énergie ! De Boucart à Boucan, ses copains, rompus à ses décibels mais pas emboucanés au sens marseillais, ont vite trouvé l’idée de l’enseigne.

Jessica a d’abord bien appris, passée notamment à L’Hôtel de Crillon-le-Brave, en pays du Ventoux, et à l’Hostellerie de l’Abbaye de La Celle. Entre la Provence catégorie luxe et Toulon, classe petites tables, cherchez l’erreur, il n’y en a pas. Ouvrir son restaurant, noble cause ! Dans la salle à haut-plafond du « Boucan » (pour l’écho?) illustrée par les toiles de sa soeur et l’ardoise du jour dans les cadres dorés, la clientèle – professions libérales, acteurs de la scène urbaine, bobos or not bobos – aime le sourire et le tonus maison autant que le poulet rôti-pommes de terre sautées ou le veau aux olives-pâtes fraîches. On boit un verre sur la petite terrasse en attendant d’être placé entre tables bistrot et mange-debout, çà frise parfois les cinquante couverts mais Jessica gère !

En cuisine, Damien Llobet aussi. Signe particulier, à part le tatouage au bras gauche : n’est pas disciple d’un étoilé ni diplômé d’une d’école hôtelière. Peu importe, l’assiette est bonne et généreuse. L’oeuf parfait, fricassée de champignons et espuma de topinambours, le foie gras poêlé, éclats de châtaignes et crémeux de potimarron, un filet de pluma d’une belle tendreté avec crème au lard et oignons, pommes de terre grenailles rôties et oignons confits, la déclinaison autour de la poire ou la crème brûlée au carambar… cette cuisine bistrotière tourne sans complexes.

Une carte pour vins plus qu’amicaux (blanc du Château des Sarrins, rouge Les Valentines, Château Valcombe en AOC Ventoux…), des prix tirés au cordeau (formule 18 € à midi, carte plus élaborée le soir) mais pas de saveurs au rabais, l’accueil et le tempo d’une adresse rassembleuse, la grande table d’hôtes en coulisses, enfin le brunch du samedi avec buffet à volonté (19 € avec assortiment de viennoiseries, pains, confitures maison, œufs brouillés & bacon, pain perdu et pancakes, saumon gravlax, plateau de charcuterie, fromages…), bravo Jessica !