Moustiers-Sainte-Marie. « La Bastide de Moustiers », 25 ans de bonheur en Provence

1995-2020, La Bastide de Moustiers d’Alain Ducasse fête ses vingt-cinq ans. Avec discrétion : pas un jour dédié et aucun menu anniversaire, tant cette année particulière a déjoué tous les plans mais qu’importe, salle ou terrasse sont remplies à souhait, comme si le monde tournait rond. 

A son ouverture, les clients découvraient avec émotion cette ancienne résidence de maître-faïencier transformée par Alain Ducasse en demeure hôtelière aux sept chambres, avec pigeonnier, jardin créé par Jean Mus, potager, parc de quatre hectares où s’ébattaient chevaux, faons et poneys… Sonja Lee, scandinave-coréenne formée au Louis XV, y cuisinait tourte de lapin de garenne, côtes et vert de blettes, agneau de lait rôti à la cheminée, poule au pot, truffes, lard paysan et légumes mijotés. Aucun plat n’était «palace» et certains, biberonnés à la gastronomie sous cloches, se demandaient comment survivre s’il fallait soi-même couper le pain avec un couteau de Nontron ! 

Aujourd’hui ces évanouissements d’enfants gâtés n’ont plus cours. Tandis que les mots produit et terroir tournent en boucle dans le moindre estaminet, la maison dirigée par Sarah Chailan, «enfant du pays» (Manosque), ne dévie pas de son dessein premier : hospitalité, authenticité, produit, atmosphère. Quelques pointures ducassiennes – Vincent Maillard, Benoît Witz, Eric Santaluccia, Frédéric Garnier… – s’y sont succédé et le limousin Thomas Chambraud, 27 ans, formé au Louis XV, à l’Hostellerie de l’Abbaye de la Celle et au Gindreau (Lot) de Pascal Bardet, a repris le témoin dans le même esprit. 

Le velouté de courgettes au safran, basilic et fleur farcie, le lait infusé à la marjolaine et tomates du potager, les pâtes artisanales, coquillages et persil, la poitrine de cochon, artichauts et graines de tournesol, l’arlette croustillante, praliné noisette-amande… ce nouveau chapitre est tout en exigence artisanale et respect du pays. 

Une clientèle française soudain éprise d’hexagone découvre ainsi «Ducasse à la campagne», sa maison de charme et une gastronomie du simple qui n’est pas née du matin. Une Bastide en Provence, idéale pour oublier les mauvais jours…