C’est une adresse claire et joyeuse dans une maison de village, au cœur de Tourrettes. Ce fut longtemps Le Médiéval mais c’était une autre époque. Depuis l’arrivée de Marion Luque-Bouvier et Raphaël Grima, qui ont entièrement rénové le lieu et ont apporté jeunesse et cuisine d’aujourd’hui, l’actuelle est passionnante. Savoureuse, lisible, accessible, la voici la bonne table du moment.
Raphaël, natif de Vence, formé chez Gérard Besson et Michel Rostang puis au 110 de Taillevent à Paris et Londres, et Marion la parisienne, à l’école de «chefs pâtissiers de l’année» (Camille Lesecq, Cédric Grolet, Nina Métayer…), ex du Meurice, des 110 de Taillevent à Londres et de L’Atelier Robuchon Saint-Germain, ont mis leur expérience et leur vécu dans cette aventure personnelle et conquis une liberté que les grandes adresses ne leur auraient pas apportée. C’était la bonne décision.
En quatre plats, le menu découverte (39 €) invite un rapport qualité-prix quasi imbattable. Les asperges rôties, purée, burrata et lard de Colonnata, sablé sarrasin, praliné noisettes et jaune d’oeuf confit sont une entrée au vert tendre et croquant. Le risotto d’épeautre (spelt en anglais), bisque de homard avec échalotes, parmesan et mascarpone, droit dans son IGP italienne (l’épeautre de Sault ne serait pas mal non plus), est devenu un savoureux plat référence, créé à Londres par Raphaël et plusieurs fois primé.
Il sera difficile de détrôner cette gourmandise mais le bar rôti, petits pois, girolles, coquillages et jus marinière avec leur tartare et en gelée, rappelle qu’il n’y a pas ici une recette fétiche et de simples comparses mais une cuisine de plaisir du produit jamais figée et sans audace inutile.
Les desserts de Marion y tiennent une place incontestable, notamment avec l’agrume-surprise, ludique, exotique, délicat, mousse et coulis au jus de kalamansi, crémeux infusé menthe et gingembre, zestes confits de citrons jaunes et verts, coque de chocolat blanc.
Charme, saveurs et hospitalité
Spelt séduit ainsi par son ouverture d’esprit et sa maîtrise classique, la primauté du goût et un naturel que partage un service chaleureux et concerné, ce qui devient rare. Le décor et l’atmosphère répondent à cet engagement d’une équipe : première salle aux pierres apparentes illustrée d’oeuvres d’art, ruelle à la napolitaine pour quelques couverts d’amoureux, cuisine à l’étage, entrevue en chemin vers le dernier, murs blancs, tommettes, cheminée, terrasse intimiste à mi-toit, écran de verdure et vue sur la colline, à l’ouest du village.
Apparue l’été dernier entre deux confinements, Spelt aura, c’est sûr, son mot étoilé à dire dans un village amateur de gastronomie et surtout de simplicité. Ainsi, dans la Grand’Rue, avec Le Petit Manoir de Dominique Taburet, pionnier dans les années 90, devenu le Bacchanales première version de Christophe Dufau, puis Clovis avec Julien Bousseau, rebaptisé Bistrot Gourmand Clovis et toujours d’actualité. Depuis un an, Spelt a enrichi cette collection avec une maîtrise évidente. Excellente nouvelle pour Tourrettes-sur-Loup !
6 Grand’Rue. Tel. 09 86 26 63 79. Menus 29 € à déjeuner, 39 € (4 plats) et 59 € (7 plats) + accords mets-vins 29 et 39 €. Fermé dimanche, lundi, mardi.