La rue Dante est l’un des trajets de charme du Vieil Antibes où on flâne en cherchant la table rêvée, bonne et pas chère, ce qui reste à l’évidence une mission périlleuse. Mais Jeanne vient à votre secours… Depuis son paradis, Jeanne peut être fière de ses filles Elsa et Marine. Elles ont bien voyagé, ont changé de vie, se sont passionnées pour les vins nature et ont fait de son prénom l’enseigne protectrice de leur «cave à manger» ouverte sur la rue.
Les quilles font le décor et un lustre à la couronne de verres monte jusqu’à la mezzanine de cette table libre où Marine accueille avec chaleur et où Elsa et Paul, son compagnon autrichien, cuisinent de vrais plats, non des en-cas.
L’assiette est généreuse et dans le goût est du temps, vif, percutant, maîtrisé. Les accras de thon rouge (servi aussi en entrée avec poivrons et pourpier), la terrine de veau à la pistache, l’agneau accompagné de tomates et semoule, les desserts gourmands, sans fioritures – délicieux pavot-fruit de la passion-noisette ou les fraises, fromage blanc et miel de René Audibert au Broc – croisent sur un épatant menu-carte qui change chaque semaine et traduit la quête du produit local : thon rouge, espadon de ligne, daurade rose pêchée par Loïc Gourlaouen à Golfe-Juan, légumes de la famille Operto à Biot, terrine de la Maison Maillard à Antibes…
Dédiée aux «vins vivants et bières artisanales», la cave est la raison d’être de Jeanne. Au moment de lever mon verre à la santé de ces acteurs d’une viticulture «propre», je craignais pourtant quelque incommunicabilité de chapelle. Mais Marine cultive le dialogue, pas l’extrêmisme militant et on la suit volontiers dans ses accords mets-vins.
Bandol blanc du Château Sainte-Anne, Domaine des Terres Promises de Jean-Christophe Comor à La Roquebrussanne (Antidote, Ame qui vive, A Bouche que veux-tu…), cuvée Le Combal de Cosse-Maisonneuve (Cahors), Risque de Schutt de Kollectiv Petternel (Autriche), orange catalan de Partida Creus ou Domaine Sainte-Eulalie (Hyères) comptent parmi ses choix sûrs.
Elle a le sourire et le savoir, conseille avec fraîcheur les vins qui s’accordent à la cuisine de Paul et d’Elsa et voilà pourquoi le bon écho de Jeanne, table de copains et adresse du bien vivre, a franchi depuis longtemps les remparts d’Antibes.
10 rue Sade, Antibes. Tel. 06 48 52 59 24. Env. 30/40 €. Ouv. à déj. vendredi et samedi, à dîner de mardi à samedi. Fermé dim. et lundi. La cave @jeanneantibes est ouverte pendant les horaires du restaurant.