Peixes est le restaurant originel, ouvert en 2015 par Armand Crespo et Loïs Guenzati. Une envolée fulgurante, thématique marine, ceviches à l’abordage et toujours bon pied bon œil, la table s’est imposée dans la courte rue Jacques Médecin conduisant vers le cours Saleya. L’automne dernier, Loïs Guenzati, ayant acquis cette adresse de poche, rebaptisée Peixes-Opéra, a repris Déli Bo, vigie du boboland première génération, lieu stratégique du Marais niçois.
On aimait cette table à succès, pionnière de la rue Bonaparte mais qui reconnaissait les derniers temps une petite lassitude. L’affaire était à vendre et Loïs en a fait Peixes-Bonaparte. Même thématique marine que Peixes I mais avec de l’espace, terrasse vitrée en coin de rue, salle au blanc-bleu Méditerranée et azulejos imaginée par l’agence Maison Maju, poulpe géant créé par le carnavalier Cédric Pignataro et bar aux reflets de soleil. Belle image.
Nice, aujourd’hui, c’est le mouvement, une énergie nouvelle, des têtes chercheuses qui secouent le cocotier de la restauration. Loïs est de cette conquête. Il prend ses distances avec le Vieux Nice et passe à l’Est dans le quartier le plus effervescent de la ville, épaulé par le chef Pierre Lorenzo, venu de la «haute gastronomie». A Paris, auprès de Guy Martin, de Julien Roucheteau au Lancaster, de Stéphanie Le Quellec au Prince de Galles, à Nice avec Jean-Denis Rieubland au Negresco, enfin à Peixes première édition où il a fait son coming out culinaire.
A sa carte, les ceviches, bien sûr, cinglant à toutes saveurs, avec délicatesse et caractère tels celui de Saint-Jacques, kumquat, fruit passion et purée d’avocats, ou avec daurade, shiitake mariné, truffe et purée de butternut fumé. Le tataki de thon tient la note, avec betterave et mélisse, sauce soja, sirop d’érable et agrumes et comme on a pris le large dès les premiers accras, il faut goûter l’aïoli de cabillaud à l’ail noir ou la daurade rôtie au four. Enfin les desserts, dans la note légère avec la mandarine givrée, meringue, quatre épices, plus enlevé avec le brownie chocolat, condiment citron, poivre Sansho (Japon) et glace yuzu.
Parfums, notes épicées, poissons crus dominants, Pierre Lorenzo réussit cette cuisine à l’humeur voyageuse qu’on entrevoit dès le menu de midi (entrée, side et dessert pour 20 €). C’est gourmand, craquant, l’accueil est complice (la vista de Rodolphe, quatre ans de Peixes), le jeune service féminin adorable et le lieu, plus festif encore à dîner, fait sans peine salle pleine. Un concept, deux adresses toutes voiles dehors, une troisième devant ouvrir en fin d’année à Saint-Laurent du Var, dans l’allée chic de Cap 3000, face au Rivea d’Alain Ducasse, nous voilà en route vers la Guenzati’s collection. Amis des ceviches, préparez vos bagages !
5 Rue Bonaparte, Nice. Tel. 04 93 56 30 90. Menu déjeuner 20 €. Carte env. 35/50 €. Plateau dégustation 50 €. Ouvert du lundi au samedi.
Peixes-Opéra, 4 Rue Jacques Médecin (tel. 04 93 85 96 15).