D’abord, prudence. Ne pas écrire que MarMar est une «table de poche» ! Pourquoi pas «coin cuisine» tant qu’on y est ! Ce n’est pas parce que l’adresse est mini qu’on l’aime, c’est pour ses plats épatants de sincérité, le goût du jour, la fraîcheur, la chaleur de l’accueil, l’italianité maison. C’est ce que voulaient Claudio Marsico et Jacopo Marini – d’où Mar et Mar…- deux copains et frères d’armes ayant vécu la gastronomie au Negresco pour Claudio et, ensemble, la meilleure bistronomie au Comptoir du Marché, dans le Vieux Nice. Claudio est en cuisine, originaire de la région de Bari (Les Pouilles) et Jacopo en salle, natif de Lecco, sur le lac de Côme. Un axe nord-sud italo-niçois à deux pas du port, on embarque !

On aime aussitôt ce restaurant-bonsaï où la cuisine a trouvé sa place, nichée entre «salle» et mezzanine. On le croit esseulé derrière l’église Notre-Dame-du-Port, il ne voit pas la mer mais refuse du monde, chaleureux et proche, c’est le moins qu’on puisse dire, de ses clients (une vingtaine à chaque envoi).

Terre ou mer, voici la cuisine des Méditerranées, l’art des suds (Espagne, Grèce, Croatie…), des plats en pleine santé, sans dogmatisme de concept et une ardoise courte comme on en rêve. Ainsi des artichauts vapeur puis frits, vinaigrette de citron et ketchup de carottes. L’oeuf parfait bio , écrasée de topinambours sauce parmesan, champignons et noisettes. Le pavé de maigre, de Corse, légumes, purée de pommes de terre, soupe de poisson. Ou encore le risotto de Saint-Jacques et truffe noire, crémeux à souhait.


Claudio cuisine, assemble, puise dans plus d’un terroir. C’est au fil du marché et au gré de son inspiration jamais assoupie (un cappuccino de pommes de terre fumées au bois d’olivier et calamar à l’encre de seiche) avec du peps et une bonne humeur intacte jusqu’aux desserts, par exemple un baba au parfum d’orange sanguine ou un «millefeuille», version tiramisu et chocolat que j’interdis formellement de retirer de la carte !


Pour le choix du vin, consulter Jacopo. Pas de carte, même courte, ni de cave, même du Vatican, il n’y aurait pas la place pour tant de burettes, mais on suit ses bons conseils, du côté de l’Italie et d’autres suds (Languedoc-Roussillon). Pas mal du tout le Castello di Stefanago, rouge de la province de Pavie, associant merlot, uva rare et croatina…


Dans le quartier le plus gourmand de Nice, peuplé de bonnes adresses (Jan, Chabrol, Les Agitateurs, Pirouette, Salette, Pin Pin, Yose….), ce restaurant au petit format vit ainsi sa vie à l’italo-niçoise. Déco sobre, espace compté avec cinq tables pour deux personnes et une longue banquette, puis la cuisine sous la mezzanine… difficile d’écrire qu’il «fait salle comble» mais jamais on ne s’y sent à l’étroit. Depuis son ouverture, MarMar accueille des passagers de tous horizons et de toutes générations. On goûte, on se parle, on échange et çà commence à faire une grande famille.
MarMar, 7 rue Fodéré, Nice. Tél. 04 23 20 82 89. Carte env. 40/55 €. Ouvert mardi à samedi, midi et soir et lundi midi. Fermé dimanche et à dîner, lundi et jeudi.
