Plus de vingt ans d’auberge communale çà use les souliers, pas le talent de Benoît Poulet, fin cuisinier et passionné de trail. Cet aubergiste a du souffle, du style et le sens du plat qui régale.
On parle cuisine ou course à pied ? Recettes à feu doux ou foulées en altitude ? Et pourquoi à La Penne, joli village du haut-pays niçois, perché entre vallées du Var et de l’Estéron ? Parce qu’ici cuisine un talentueux, un indocile, un rebelle aux multiples passions. Dernière pratiquée, le trail. Benoît Poulet, la cinquantaine affûtée, est un trailer… Celà vous fait une belle jambe !
Vous avez grimpé jusqu’à la terrasse ombragée et la salle au décor (très) sobre pour parler courgettes – les petites niçoises, parfumées au basilic – ou raviolis à la ricotta et non sentiers et chronos. Vous saviez peut-être que ce presque niçois (natif de Contes) et Maria, son épouse galloise, sont ici depuis l’été 1988 et qu’il est un vrai cuisinier, chaque jour, à l’année.
De ses années 80 j’ai conservé le souvenir d’une cassolette d’escargots aux girolles et d’un coquelet braisé aux cèpes qui étoilaient la table modeste et talentueuse de ce disciple de Jean Montagard, pionnier de la cuisine végétarienne. Revenu au pays après un intermède à Bordeaux, la forme est intacte, le crâne un peu plus lisse, le caractère toujours trempé. Benoît court et cuisine, il a du souffle et du style et le sens du plat qui régale.
J’ai aimé son filet de sardine de Méditerranée et nem de brebis frais de La Sagne (à Briançonnet), le magret de canard fort bien cuit sur la peau, à la cerise et fleur de sureau au goût délicat de mûre. Un tendre du sud-ouest préféré au quasi de veau rôti, jus à la sarriette, avant de craquer pour le granité de pêche bio (Jean-Charles Orso, maraîcher à Cannes la Bocca) et un gâteau cerisier façon forêt noire en mode allégé.
Face au massif du Cheiron dont Benoît tutoie le moindre caillou, voilà un bonheur aubergiste hors les sentiers de la renommée. Maria vend les produits de leur ferme, légumes, fruits, miel confidentiel (neuf ruches dont il défend l’accès au frelon asiatique à coups de raquette de tennis) et Benoît cuisine en rêvant de sa prochaine course (l’UTMB de Chamonix !). Nous, à notre pas, on cheminera, le samedi, jusqu’au Pâli et son vrai marché de producteurs. Dernier – ou premier – conseil au client, même respectueux: merci de réserver, Benoît est cuisinier et restaurateur, pas gardien de phare !
Infos pratiques
- Adresse : 1 Rue du Pontil, 06260 La Penne
- Tél : 04 93 05 09 81
- Menu : Menus 34 et 39 €
- Fermeture : Ouv. tlj, sur réservation
2 comments
[…] L’auberge de La Penne par Jacques Gantié […]
[…] j’ai testé la crème d’asperges aux œufs, dont la recette m’a été soufflée par Benoît Poulet, éleveur-apiculteur-maraîcher-restaurateur ( ! ) passionné, installé à la P…. Avec ses asperges, ses œufs, mon aillet et ses conseils, j’ai réalisé ces flans délicieux et […]