Nice. « Dante », (Chez Gratta) : le petit paradis de Thierry Grattarola

Thierry Grattarola préfère le mot cantine à celui de bistrot. Peu importe, «Dante», sous-titré «Chez Gratta», c’est bon, local, convivial. Une vraie table de quartier.

Quittez le Vieux Nice, la Prom’, le port, le ou les «carrés d’or» et destination Nice-Ouest. Boulevard Gambetta, nul poste frontière façon Checkpoint Charlie mais l’air se raréfie pour l’amateur de bonnes tables. Pure & V, rue Bottero, incontournable pour sa cuisine d’auteur et ses vins nature, plus loin l’avenue de la Californie et la belle tenue du Mesclun. Et puis… Dante !

À deux pas de l’Hôtel des ventes Nice Enchères, ce restaurant a livré bataille avec honneur, conduit depuis 2013 par Mathilde et Arnaud Dejongh, repris mi octobre par Thierry Grattarola. Du flamand au niçois, changement de style et comme une envie nouvelle. Majestic, Loews, navires de croisières, Miramar Beach Hôtel à Théoule-sur-Mer, Le Belles Rives à Juan-les-Pins, Les Vieux Murs à Antibes puis une longue parenthèse dans une brasserie de Cap 3000 à Saint-Laurent-du-Var, le chef expérimenté revit dans ce bistrot aux couleurs ravivées, pierres apparentes, boiseries et miroirs. 

Sous- titré «Chez Gratta», le lieu est chaleureux et l’assiette a du répondant. La salade de poulpes et mousseline de potimarron, un fondant quasi de veau rôti, blettes et pommes de terre grenailles, la crème caramel vraiment «maison» et l’affaire est entendue autour des 30 €, comme avec l’oeuf mayo, pois chiches et poutargue, les charcuteries de la Maisons Rigault (Annot) ou les linguini aux gambas. 

Une table de quartier, c’est tout ou rien, çà nourrit ou çà survit, déphasée ou plein pot dans les faims d’aujourd’hui. Actuel ou tradi (la cuisse de canard confite, mijotée de haricots cocos et sanguins en plat du jour) Dante n’a rien inventé mais régale juste et rassemble large. «J’aime les gens et je cuisine pour tous, bourgeois et ouvriers !» dit le patron en tablier bleu. Le peuple en question aime sa cuisine cuisinée, le marché à bonne source et l’accueil sans lequel, parfois, un repas tourne vite aux condoléances.

Celui de Vanessa, l’épouse de Thierry, est un vrai bonheur. Elle n’est pas du métier mais devait l’être dans une vie antérieure. Elle et Mathilde rivalisent d’énergie et de sourires et il ne manque plus qu’une carte des vins digne de cette proximité pour que la «cantine», déjà reconnue au delà du quartier, devienne un p’tit coin de paradis.