Cagnes-sur-Mer. « La Table de Kamiya » : soleil levant .

A l’ombre de son arbre, La Table de Kamiya, née il y a un mois, est déjà l’oasis gastronomique du Cros-de-Cagnes. A découvrir d’urgence.

C’était «A l’Ombre du Pin», bonne table tenue jusqu’à l’an dernier par Nicolas Navarro. Un pin parasol unique sur le front de mer du Cros-de-Cagnes, le tronc ancré à même la terrasse. La force est en lui. Au printemps japonais, Takayuki et Claire Kamiya, qui ont repris l’affaire début janvier. auraient-ils choisi un cerisier en fleurs (sakura)? Au pied de ce géant, Takayuki a en tous cas séduit un premier cercle de clients.

Ceux du Cros, les passants qui jettent un regard aux menus et ceux qui savent les lire. Enfin, les amateurs qui se souviennent d’Hangout, dans le Vieux Nice, adresse de poche de la rue du Moulin, aussi brève qu’un poème haïku. Le jeune japonais, ancien du Château Eza, à Eze-Village, avait révélé ce coin caché grâce à sa cuisine précise et délicate.

L’assiette, le produit, le sens du détail, l’évidence… on reconnaît son style, en pleine lumière. Mais soyez avertis, ici, aucune dérive exotique et surtout no sushis ! On n’a rien contre ces virgules qui courent le monde mais elles ne sont pas le sujet. Comme bien des chefs nippons, Takayuki Kamiya maîtrise parfaitement notre gastronomie. La truite marinée au wasabi et vodka, œufs de hareng fumés et chou chinois ou la canette rôtie au charbon, topinambours et cacahuètes, en témoignent. Sans avoir été à son école, il respecte les trois fondamentaux que Paul Bocuse apprenait aux siens : un bon produit, un bon assaisonnement, une bonne cuisson. Avec çà, on peut faire longue route. 

L’instant du dessert appartient à Claire, formée à l’école de Joël Robuchon, à Monaco puis à Bordeaux, le temps d’une brève entente entre le chef multi étoilé et Bernard Magrez, propriétaire du restaurant La Grande Maison. De la table de Nice, j’ai gardé le souvenir de sa tarte tatin et glace au sucre noir d’Okinawa. A l’ombre du pin, même plaisir. Le baba au rhum, agrumes et chantilly à la vanille de Tahiti, et le citron crémeux en gelée et espuma font un voyage léger.

Vous aimerez cette harmonie entre Claire et Takayuki. A l’écoute du client et la gentillesse même, ils sont déjà en manque de renfort entre cuisine et salle. Ce front de mer, long comme un jour sans pin, n’est pas un gisement de bonnes tables malgré quelques escales soignées. Cuisine pour gourmets et addition courtoise (à midi autour de 30/35 €), celle-ci est une nouvelle oasis de gastronomie à découvrir sans tarder. L’arbre protecteur, lui, fait bonne garde.