La Roquebrussanne (Var). « Les Terres Promises » de Jean-Christophe Comor : la table estivale du conseiller politique devenu vigneron

Avec ses cuvées bio et ses déjeuners de soleil, jusqu’à fin août, le domaine de Jean-Christophe Comor, à La Roquebrussanne, enchantera votre été. A flanc de colline, il est sans effets de manches, presque caché. Sa table est estivale et éphémère mais éloquente. Passion, paysage, vins, cuisine… c’est Les Terres Promises, chemin de la Persévérance !

Maison, arpents, restanques, climat, tout ici montre du caractère. Jean-Christophe Comor n’en est pas dépourvu, aussi passionné dans le travail de la terre qu’il le fut dans l’engagement politique. Avant de parler cuisine, un mot sur cet aixois qui enseigna à Sciences Po et donna dix ans de sa vie à ce métier de conviction, joutes et traquenards, notamment comme conseiller aux côtés de Philippe Séguin et de Charles Pasqua. Séguin le pessimiste, Pasqua le madré, orfèvre en «affaires», amateur de bruccio et de liqueur d’arbouse.

Puis il tourna la page souverainiste, changea de vie et de drogue dure et acheta 15 ha de terre à défricher. Aujourd’hui, entre trois terroirs et appellations (vin de pays de la Sainte Baume, Coteaux Varois, Bandol), ce fervent de la cause bio qui a une certaine idée du vin et de la vigne, et même de sa grandeur, rassemble autour de sacrées cuvées, « nature », complexes, réfléchies et non consensuelles, que les amateurs reconnaissent entre mille, au moins par les étiquettes du dessinateur Jacques Ferrandez, illustrateur de Camus et Giono et auteur de Carnets d’Orient. Autrement et encore, Analepse, A bouche que veux tu, L’Amourvedre, L’Abracadabrantesque (!)…

Cet été, il a confié sa table à Lucas Tresse, 20 ans, ici en « résidence culinaire » jusqu’au temps des vendanges, formé à la bistronomie par Yves Camdeborde et passé chez Daniel Boulud à New-York. Un tempérament et le sens de la cuisine du produit, sourcé au plus local, parfois à deux pas du domaine.

Aubergine grillée, salsa verde, brousse et oignons frits, d’épatante humeur provençale, tagliatelle «cacio e pepe» (fromage et poivre), filet de daurade et risotto de blé noir, enfin compotée de pêche à la moutarde, de jolie fraîcheur ou fraises mara des bois, brousse et pollen de fleurs… autour de 30/40 € c’est l’art du simple servi à l’ombre des grands chênes avec vue imprenable sur la plaine de vignobles et compagnonnage avec les vins du domaine (Apesanteur pour les bulles, Antidote, Ame qui vive, rosé Apostrophes…) ou de vignerons amis. 

Alors, que vous soyez de gauche, de droite ou du centre, si vous croyez à la grandeur de la vigne et à la vérité des rencontres, il vous faut découvrir sans tarder ce lieu de partage – table de midi ou tapas du soir – et ce vigneron au fort idéal. Un bonheur sans façons, en Provence, loin, très loin de Maastricht.