Le guide Michelin a livré ses Bibs gourmands 2023. Cette sélection aux 49 nouveaux élus illustre une France post Covid encore au régime mais les Bibs d’aujourd’hui ont plus de sens que lors de leur création, il y a 25 ans. Les «bonnes petites tables» ont du talent, comme L’Alchimie d’Arnaud Collin à Nice (photo JG) et en attendant l’arrivée des Étoiles (6 mars) ce sont elles les stars.
“Une cuisine soignée à prix modéré”…”une bonne petite table”… En créant le Bib Gourmand en 1997, le guide Michelin restait égal à lui-même. Juge de paix imbattable dans la rétention de vocabulaire, ouvert à une restauration de qualité pratiquée depuis des lustres mais qu’il avait quelque peu négligée.
Vingt-cinq ans plus tard, les Bibs attribués à une «bonne table au bon rapport qualité-prix» proposant un menu ou une formule à moins de 40 € (32 € en province, 36 € en région parisienne) ont gagné en légitimité. Hier menue monnaie pour adresses sans grade, aujourd’hui véritables signes de reconnaissance. Alors que l’étoile a perdu de sa superbe, le Bib apaise, réconcilie, offre un vrai rapport prix-plaisir et répond par la proximité à une société et une économie en plein basculement.
Le millésime annoncé ce week-end par le guide Michelin compte ainsi 49 nouveaux élus, dont neuf en Provence-Côte d’Azur. Trois dans les Alpes-Maritimes ( Lougolin à Grasse; L’Alchimie et Rouge à Nice), un dans le Var (Au Clair de la Vigne, Bandol), deux dans les Bouches du Rhône (Le Gibolin, Arles, L’Atelier Salone, Salon-de-Provence), trois pour le Vaucluse (L’Acte 2 et Avenio, Avignon, Solelh, l’Isle-sur-la-Sorgue). Il accompagne une «sortie de Covid» qu’on espère durable (seize Bibs de plus qu’en 2022 mais moins qu’en 2021 avec 72 nominations) mais la récolte est encore insuffisante.
Sur la Côte d’Azur, quatre Bibs récompensent des adresses en pleine forme, plutôt urbaines (sauf Lougolin, au soleil de Plascassier), dont certaines (Rouge à Nice, Au Clair de la Vigne à Bandol) jouent habilement les accords mets-vins (nature).
A Nice, le guide Michelin parie sur deux nouvelles tables. L’Alchimie d’Arnaud Collin (14 Rue Maccarani. Tel. 04 93 54 61 85.) ancien, notamment, de Christian Le Squer, Jean-François Piège et de Marcel Ravin au Blue Bay à Monaco. Un cuisine épatante de saveurs, de spontanéité et de maîtrise. Un Bib incontestable et mon coup de cœur de l’été dernier sur mon blog Table libre.
Rouge (2 Rue de Foresta,. Tel. 09.77.94.22.39.) de Gautier et Alexandra Creissard, adoubés par leur mentor Yves Camdeborde, est un resto-bar à vin chaleureux et décontracté, tendance bistronomie parisienne. Avec ses mini plats pour libres mangeurs et ses vins nature, il fait un malheur au pied de la colline du Château, à deux pas du port Lympia. Un Bib version Fooding attribué au nez et à la barbe de la bistronomie niçoise.
A Grasse, Lougolin, de Xavier Malandran (381 route de Plascassier, tel. 04 93 60 14 44), offre depuis bientôt cinq ans gastronomie créative et terrasse panoramique. Passé de la téléréalité (Masterchef) à l’épreuve du quotidien, cet autodidacte a trouvé l’inspiration et le juste équilibre prix-plaisir qui plait au guide Michelin et à son fan club du pays de Grasse.
A Bandol, encore une belle prise avec Au Clair de la Vigne (25 rue du Dr Louis Marçon. Tel. 04 94 32 28 58.) de Pierre Rouvier et son chef Loïc Dubois. Rouvier l’aveyronnais, ex de l’Hostellerie Bérard (La Cadière d’Azur), Keï Matsushima et Le Vinivore (Nice), a suivi lui aussi le conseil d’Yves Camdeborde («ouvre ton bistrot !»). Une adresse réjouissante qui doit prochainement monter en gamme, avisée sur le produit (entrecôte de bœuf d’Aubrac, andouillette de Rougiers, cochon du Mont Lagast…), experte en vins vivants et riche des «fromages artisanaux» apportés comme autant de par Olivier Nesty. (www.facebook.com/olivier.nesty).