Elles courent, elles courent, les rumeurs autour de la nouvelle édition du Michelin et de la cérémonie de lancement annoncée mardi à la Seine musicale de Boulogne-Billancourt, façon “Oscars” du cinéma… Michelin, qui a pris une participation de 40% dans le Fooding – le mariage de la carpe et du malin, du conservateur et de l’agitateur- devient décidément branché. Sexy, vraiment, Bibendum ? Et quels chefs invités-nominés seront étoilés ou feront tapisserie à Hollywood-sur-Seine ? Rumeurs et tremblements sous les toques…
En attendant le show, cette semaine est celle des infos et suppositions, distillées notamment lors des obsèques de Paul Bocuse où plus d’un chef tentait d’interpréter le moindre battement de cils des patrons du guide rouge. A la rubrique patrimoine, faut-il rappeler que l’Auberge de Collonges-au-Mont d’Or (3 étoiles) est sanctuarisée, promise à un «après» réglé de longue date, auquel veillent Françoise Bernachon et Jérôme Bocuse, les enfants de Monsieur Paul, et imperturbable en cuisine avec l’équipe de MOF dirigée par Christophe Muller. La soupe aux truffes VGE a encore de beaux jours devant elle.
Loin du temple des bords de Saône, assez peu d’agitation sinon “l’avertissement”, bien dans sa manière, de Marc Veyrat sur le site Atabula (“si je n’ai pas la troisième je me retire des guides”). Michelin pourrait accueillir deux nouveaux 3 étoiles de «Province» sur une short-list très relevée (Michel Kayser à Nîmes-Garons, Alexandre Couillon à Noirmoutier, Laurent Petit à Annecy, Yoann Conte à Veyrier-du-Lac…) dans laquelle on retrouve avec confiance Christophe Bacquié à l’Hôtel du Castellet, la valeur sûre du Var et du grand sud. Et pour une édition prochaine, rendez-vous un jour à La Villa Madie de Dimitri Droisneau (Cassis), l’une de ces maisons qui ont tout – sérieux, talent, progression… – pour être aimées.
La compétition à deux étoiles s’annonce aussi intéressante. Alors que Gilbert Garin, rédacteur en chef du guide depuis un an, devrait marquer son début de mandat en accordant plus d’attention aux adresses “de proximité” – notion qui demande à être décryptée – les profils étoilables se précisent. Deux noms reviennent ainsi avec insistance en Provence-Côte d’Azur : ceux des frères Gaël et Mickael Tourteaux («Flaveur» à Nice) et de Sébastien Sanjou au «Relais des Moines» (Les Arcs-sur-Argens), aux styles fort différents mais à l’égale montée en puissance.
A Marseille, celle d’Alexandre Mazzia («AM» dans le quartier du Prado) est spectaculaire – recherche, saveurs, concept… – mais peut-être pas suffisante pour bousculer la hiérarchie. Le nom de Ludovic Turac, talent en hausse et fenêtres sur le Vieux Port («Une Table, au Sud») est également chuchoté mais, Bonne Mère, y a-t-il vraiment la place pour deux fois deux macarons cette année ?
L’excellente nouvelle serait en tous cas le retour à ce niveau, qu’il n’aurait jamais dû quitter, de Bruno Cirino, à «L’Hostellerie Jérôme» (La Turbie), dégradé depuis 2014 et qui ouvrira, à Nice au printemps, un bistrot dans le quartier Libération en plein essor. Identité, rigueur, maîtrise du produit… Michelin se souviendra-t-il de ces vertus majeures portées par cet authentique “fou de cuisine”? Il sera en tous cas de la fête, mardi aux “Oscars”… Enfin, si la nouvelle feuille de route est bien de récompenser des maisons familiales plutôt que de palaces ou de chaînes hôtelières, le guide pourrait s’intéresser un jour aux “Terraillers” de Michel Fulci, à Biot, au nom d’un classicisme modernisé – le décor l’est aussi – de la régularité et de la transmission. Mais imaginer un tir groupé de nouvelles adresses à deux étoiles sur la Côte d’Azur serait trop demander.
Le paysage gastronomique est en tous cas en cours de recomposition dans les Alpes-Maritimes où des étoiles devraient tomber, notamment dans la région cannoise, à Nice et à Mougins, où Denis Fétisson (“La Place”) pourrait obtenir un premier macaron obstinément refusé et par lui maintes fois réclamé depuis son arrivée de Courchevel en 2010 où il étoilait “Cheval Blanc” aux côtés de Yannick Alléno. Il sera en tous cas un apporteur d’idées bienvenu lors de la prochaine édition des Etoiles de Mougins (2 et 3 juin) dont Philippe Etchebest est l’invité d’honneur. Encore et toujours des étoiles !
Michelin des villes ou Michelin des montagnes… Au moins le guide doit-il conserver à Christophe Billau et “Quintessence” (Roubion) l’étoile qu’il avait conquise au village voisin de Roure (“Le Robur“). Rien de tel que le grand air et l’altitude pour soigner la gastronomie et ses rumeurs…
3 comments
Excellentes nouvelles tout ça !
[…] on se fie à l’avis de l’ami Jacques Gantié, fin connaisseur de la Côte d’Azur (lire ses pronostics ici) qui parie depuis deux ans sur le restaurant Flaveur, la table très en vue des frères Tourteaux. […]
[…] on se fie à l’avis de l’ami Jacques Gantié, fin connaisseur de la Côte d’Azur (lire ses pronostics ici) qui parie depuis deux ans sur le restaurant Flaveur, la table très en vue des frères Tourteaux. […]