Au deuxième confinement, les restaurants ont fermé ou maintiennent la flamme sur le mode “à emporter”. Chefs d’entreprises, personnels, producteurs, fournisseurs… tous sont frappés d’une punition inédite. A chacun sa colère, sa détresse, son degré de résistance en attendant le prochain palier de strangulation. Pour le Covid-19, le pire client qui ait jamais rôdé en salle ou en terrasse, c’est open bar. Virus “et” dessert. 2020, année pathétique !
Hors de question, bien sûr, de prendre cette tragédie à la légère quand Covid le barbare met les pieds sur la table et le tenancier en joue, menacé, lui, de mettre la clé sous la porte. Mais comment écrire le plus équitablement pour redonner espoir et énergie à ces otages piégés par des fermetures à éclipses, rappelés à l’ordre pour reconstitution de clientèle dissoute, accusés de désobéissance civile pour service à l’heure du couvre-feu…
Dans cette époque dévastatrice, aller au restaurant est donc partie remise, la gastronomie fait profil bas tandis que les exemples de résilience et de solidarité masquent pour quelque temps encore la vague de défaillances annoncée. Plats à emporter, click and collect, menus de chefs proposés à domicile… autant de bouteilles à la mer pour sauver ce qui doit l’être : maintenir le lien social, travailler, exister…
L’Etat injecte l’argent magique mais gâche la marchandise et baisse les rideaux, enchaîne maladresses et incohérences et cherche d’introuvables solutions dans le manuel de bricolage à l’usage des gouvernants. C’est son fait maison à lui, son parti, financier et assumé, de laisser des morts en route comme c’est le propre de toute pandémie de décimer sans distinction de métiers ou de mérites.
A quand le point de rupture et qui seront les rescapés ? Les bons, les pros, les vertueux ? Rien n’est moins sûr. Un tsunami ne fait pas de quartier, ni de sentiments. Pour l’heure, les restaurateurs sont mis hors jeu, rayés de notre quotidien, désignés comme des agents doubles au service de la pandémie, des tueurs en série, pire, des acteurs «non essentiels” et à haut risque.
Reste… l’espoir. Parce que c’est la vie. Le premier était, jusqu’au début de cette semaine, celui d’un appel d’air et de réouvertures avant les fêtes de fin d’année. Espoir déçu après le discours du Premier ministre Jean Castex. Le second, encore lointain, est celui d’une «vie d’après» dont on peut rêver, qui offrira mille voies aux créatifs et aux entreprenants, où les chefs cuisineront des histoires de plaisir et de gourmandise au mépris de tous les virus du monde, servies dans des lieux à nouveau respectés et fréquentables, sans peur et sans distances. Des lieux qu’on pourrait appeler… restaurants.