Maximin à Top Chef, ce n’est pas un remède miracle par temps de pandémie mais au moins çà réconforte. Le moins formaté des chefs et l’un des plus respectés s’est prêté mercredi dernier au jeu de l’examinateur, redresseur de plats. A sa façon. En pur cuisinier.
Mercredi 8 avril. Un soir à Top Chef, la grand’messe de la cuisine, version M6. Plutôt messe gospel à Harlem que cérémonie traditionaliste à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. On aime ou pas le spectacle, les codes, les effets, le casting mais l’émission – pour la première fois écourtée et sans élimination en raison du contexte d’épidémie – rassemble toujours. Dont acte.
En scène, le jury des mentors, Hélène Darroze, Paul Pairet, Michel Sarran et Philippe Etchebest, le «patron» charismatique et pépite de la chaîne depuis dix ans. Jacques Maximin était le chef invité, autant dire le cuisinier le moins formaté du monde et l’un des plus doués. Un artisan dans un jeu de stars, Meilleur Ouvrier de France passé maître dans l’exercice des recettes imposées, ce soir là sur le thème du pigeon. On attendait des étincelles et ce fut presque sobre…
Dans cette émission qui éduque moins qu’elle illusionne on a au moins entrevu la marque du soliste au regard acéré, énergie volcanique mais contenue, geste et verbe moderato pour ne pas désespérer la jeune classe. Du Maximin quand même, sincère mais en auto régulation. «Je suis un radical du produit et de la simplicité. Un plat doit être lisible avant d’être savoureux. Etonnez-moi, faites un pigeon «voyageur», haut en couleurs et en épices, soyez libres et créatifs mais, d’abord, soyez lisibles !»
Entre les éloges convenus au chef, les répliques de conte de fées et les dressages de candidats boulottant pigeon et foie gras façon abstraction lyrique, on a vite compris que cuisiner et être “lisible” est un métier, pas un slogan.
Sur fond de pandémie, avec un plateau fort peu confiné (l’émission avait été enregistrée en octobre), l’important était cet “instant Maximin” privilégiant une gastronomie rigoureuse plutôt qu’une démonstration surjouée.
Cet improvisateur génial qui peut faire la leçon aux plus grands, rappelait qu’il n’est pas un chef d’un autre temps et que son ardente conception du métier sera précieuse pour tout passionné de cuisine dans l’«après confinement».
Cuisinier de A à Z au fort caractère et à la mémoire culinaire phénoménale, connu pour avoir écrit de sa main chaque menu de sa longue carrière, ce talent flibustier enrôlé un soir dans Top Chef, parlait peu mais parlait vrai. On en oubliait une certaine pandémie…
4 comments
Un vrai Monsieur, entier .
Mes meilleurs souvenirs gourmands, ainsi que mon fils.
Belle journée Jacques
Un grand cuisinier dans la grande tradition française, Respect,
Jacques vous avez tout dit dans ce merveilleux article qui le définit à merveille.
Carmen
Très très beau, cet article de M Gantié. Un seule fois, j’ai eu le plaisir de déjeuner dans le restaurant de M Maximin, dans une villa à Vence. Je suis heureux de le savoir en pleine forme.
Un bonheur de voir Jacques que j’ai le bonheur de connaître personnellement !! Un sacré caractère mais une générosité profonde et sincère , rare à notre époque !! Merci Jacques 💕💕💕