Il y a deux mois, presque jour pour jour, les professionnels de l’hôtellerie-restauration devaient fermer précipitamment leurs portes, laissant au coronavirus la recette du deuxième week-end de mars. Depuis, ils pensent à la réouverture sans toujours en mesurer les dangers, certains constituant une maigre trésorerie pour “rester en vie”, d’autres se projetant positivement dans le “monde d’après”…
Réconfortante ou illusoire, recette d’urgence plus que relance économique, la vente à emporter, que beaucoup n’auraient jamais imaginé aborder, est à la fois un service des premiers soins aux accents de lien social, une prise de risque sanitaire sacrément difficile à maîtriser et une idée d’avenir au temps des virus. Courage !…
Le Sud et la Côte d’Azur n’ont pas échappé à cette éclosion. Auparavant (avril), quelques chefs “de la haute” ont montré la voie d’un redémarrage, parfois avec maladresse. Ceux “d’en bas” ont mal pris l’affaire, chacun a proposé dans son coin et on en reste là, dans un désordre à la française bien connu. Lutte des classes pas morte et confinements au bord de la crise de nerfs.
Alors, on s’occupe. La vente à emporter est peut-être une parenthèse mais à prendre au sérieux. De Nice à Marseille, çà phosphore avec fougue ou improvisation, souvent pour un maigre résultat mais qu’importe. Des restaurateurs résistent et si tous n’ont pas la force de “se réinventer” (l’expression à la mode), ce pécule leur sera utile pour les mois à venir. Réouvertures, cataclysme, disparitions… il y a de quoi trembler. Mais il y aura des bien portants et des survivants, qui auront passé le cap et imaginé le restaurant de demain.
Peut-être sont-ils dans la liste suivante parmi ceux qui pratiquent plats et menus à emporter et cuisinent parfois chez le client.
Liste incomplète, imparfaite, à enrichir encore, le temps de patienter avant les réouvertures. A quoi bon un guide de la bistro-gastronomie livrée qui serait emporté à son tour dans le grand chambardement.
Alpes-Maritimes
Antibes
L’Arazur. Lucas Marini et Jeanne Martin ont la main, l’énergie et l’imagination. Emportez en confiance crabe aux herbes fraîches, pamplemousse grillé et purée d’avocat, daurade à la sauge ou poitrine de cochon fondante. Env. 30/40 €. 8 rue des Palmiers, Tél : 04 93 34 75 60
Le Figuier de Saint Esprit. De l’Hôtel Juana aux remparts d’Antibes, la moustache de Christian Morisset est toujours aux aguets. Lui fait parler sa gastronomie calme et droite. A emporter, même rigueur, même maintien. Menus 45 et 55 €. 14 Rue du Saint-Esprit tel 04 93 34 50 12
Yves Terrillon, La Cuisine des Fleurs. Ce chef a du talent et une belle expérience traiteur, maître de la gastronomie des fleurs depuis quinze ans. Emportez en confiance suprême de poulet aux pétales de rose, cabillaud en cocotte au citron et jasmin ou mascarpone aux fruits rouges et coquelicots. Menu 25 €, carte 25/30 €.
16 Boulevard du Val Claret . Tel. 04 92 95 13 32
Cagnes-sur-Mer
La Table de Kamiya. On commande les yeux fermés chez Takayuki et Claire Kamiya. Au Cros de Cagnes, ils avaient à peine ouvert leur restaurant du front de mer qu’ils faisaient le plein. Le virus a tout gâché mais rien n’arrête ce fin cuisinier. Cabillaud poêlé, légumes sautés à la japonaise, pintade braisée à la moutarde et artichauts barigoule… Menu 24 €. 52 Promenade de la Plage. Tél : 04 93 89 71 54
Golfe-Juan
Mathieu Allinei prend parfois le large de son Bistrot du Port (voir mon article «Poissons, mystère et émotion») pour lancer bons plats et chaleureux messages à ses clients. Le voici, chez vous, cuisinant le meilleur de mers et océans. Rapport prix-plaisir au delà de 70 €. Plus accessible, le menu de midi à emporter, 26 €.
Nice
Les Agitateurs.
Juliette, Samuel et Pierre-Jean + Emilie se sont rencontrés à l’Institut Paul Bocuse. A Nice, ils imaginent, créent, rassemblent. Et sont aussi bons sur le créneau “à emporter”. . Les sauces ont mijoté, les pois chiches sont fondants, le poulpe bien grillé, la vinaigrette des poireaux punchy… à table ! (chez vous). Compter 28/32 €.
24 rue Bonaparte. Tél : 09 87 33 02 03
Le Bistrot du Port.
Même pas peur ! Au virus, José Orsini oppose flegme niçois, bon sens aubergiste et recettes «d’aqui», fricassée de calamars, petite bouillabaisse, loup rôti et courgettes trompettes… (25 à 35 €). Sur le port, rive ouest, un pro généreux et un bon accueil, tout pour déconfiner ! 28 Quai Lunel. 04 93 55 21 70
Chabrol
L’une des pépites de la bistronomie niçoise. Le duo Thibault Barbaza et Thomas Lemaire apporte maîtrise et plats de tradition. Testez aussi leurs salades, burgers, casse-croûtes, clafoutis et tartelettes… Autour de 15/20 €. 12 rue Bavastro. Tel. 09 83 04 36 73
Dante, Chez Gratta. On ne présente plus la table de Vanessa et Thierry Grattarola, star de la cantine de quartier et populaire au sens noble. Plats gourmands, menus à prix sages (20/25 €). Aussi sympa à emporter qu’à partager. 5 rue Dante. Tél : 04 93 44 03 58
Epiro
Qui dit convivialité pense à l’Italie ! A Nice, les trois jeunes romains qui ont ouvert Epiro dans les coulisses du port, prouvent qu’elle se transmet sans peine. De ce lieu joyeux et gourmand partent bons plats de terroir et vins bio. Pariez sur eux ! Env. 25/30 €. 53 Bd Stalingrad. Tel. 04 83 39 51 89
Lavomatique. Grégoire et Hugo Loubert ont apporté leur touche et leurs idées à la bistronomie niçoise. Ils confirment avec leurs formules de plats à emporter et vins bio bien choisis. Svp, ne pas oublier les desserts de Mélanie ! 11 rue du Pont Vieux.Tél : 04 93 55 54 18
Le Maquis. Confiance dans cette place forte du terroir corse dans le Vieux Nice. Pour la souris d’agneau, miel et polenta ou la seiche à l’ajaccienne et gnocchi de M. Tosello (14 €). 7 Rue de l’Abbaye, Tél : 04 93 01 27 05 et 06 14 15 11 88
Olive & Artichaut. Un fief de la bistronomie. Thomas Hubert est l’un des premiers à avoir maîtrisé la formule “à emporter”. Environ 20/25 €. 6 Rue Sainte-Réparate, tel. 04 89 14 97 51
Peixes. C’est la tête de pont de la street bistronomie vue par Armand Crespo. Dans l’après confinement, l’imperator du Vieux Nice fait un malheur avec ses ceviches et ses plats méditerranéens (15/25 €). L’été sera mariné, pas confiné ! A quand un «Peixes at home» ? Il y pense… 4 Rue de l’Opéra Tél. 04 93 85 96 15
La Petite Maison. La table dont vous êtes les co acteurs («Tous célèbres ici» de Ben) “exporte”, et du bon : petits farcis, risotto au citron, cabillaud en aïoli, agneau de lait en osso-bucco, macaroni aux truffes, grosse crevette dorée au four, cébette et piment… Non pour exister car le totem niçois de Nicole Rubi est solidement ancré dans sa ville et l’écho est international. Mais ce «Nicole at home» préserve le lien-client, jamais à négliger, même pour une table à succès. Respect. 11 Rue Saint-François de Paule. Tel. 04 93 92 59 59
Racines. Ouverte en janvier, bien lancée au printemps, la table de Bruno et Marion Cirino s’exprime à l’étal, devant leur restaurant, en petites portions magiques à emporter (5 à 19 €). Même en miniatures, la “gastronomie du végétal” est une affaire ! 3 rue Clément Roassal. Tél : 04 93 76 86 17
Z Restaurant Tapas Gaël et Margaux Passigli commencent cette semaine leur version « à emporter » (à partir de 5 à 15 €, compter 20/23 €). Tapas et bons plats s’envolent, l’adresse bistronomise avec talent. On est en confiance. 2 rue Meyerbeer, tel: 04 93 88 12 10
Saint-Jeannet
La Table des Baous. Sébastien Liprandi est l’un des premiers à avoir tenté, puis maîtrisé, la formule à emporter. Faire simple et bon, c’est dans ses cordes. Au cœur du village, à deux pas du lavoir, emportez ses plats… et les vins des frères Rasse ! 100% saint-jeannois. 42 rue Nationale Tél : 04 93 24 90 63
Tourrettes-sur-Loup
Bistrot Gourmand Clovis. Léah et Julien Bousseau étoilent leur formule à emporter. C’est bel et bien cuisiné, de la soupe d’asperges et artichauts, chèvre frais des Courmettes, au jambon braisé au foin ou ceviche de bar aux agrumes. Epatant. Environ 30/35 €. 21 Grand’rue. Tél : 04 93 58 87 04 et 06 89 57 40 33
Var
Bandol
Au Clair de la Vigne, Pierre Rouvier et son chef Loïc Dubois proposent plats à emporter, pick up et de sacrés canons. Du bistrot gourmand et de fiers produits livrés dans un large secteur. 25 Rue du Dr Louis Marçon. Tél : 04 94 32 28 58
Le Shardana. La cuisine sarde et méditerranéenne de Thomas et Milena Cristiani vaut à table comme à emporter (aïoli de cabillaud confit et légumes croquants, épaule d’agneau rôtie…). Menu 25 €. 16 rue de la République. Tel. 04 94 32 17 79
Le Castellet
Tiens, voilà le chef, pas une doublure ! L’idée a un coût 3 étoiles (280 €) et exige rigueur et logistique. Dans le haut de gamme, Christophe Bacquié l’a poussée loin et séduit à partir de son restaurant de l’Hôtel du Castellet & Spa. Maîtrisé et stylé ce « Chef chez Vous ». 3001 route des Hauts du Camp. Tel. 04 94 98 37 77
La Goguette
Cette table de poche aux saveurs délicates tremble peut-être pour sa quinzaine de couverts à l’heure de la réouverture. Pour conjurer le sort, Stéphanie et Maxime d’Orio imaginent et prennent les devants. C’est “Maxime chez vous”, en deux menus apportés à domicile (45 et 70 €). Un “petit qui n’a pas peur des grands”. Testez sa gastronomie volante !
1, impasse de l’Homme de Paille. Tél :04 94 90 71 96
Grimaud
Apopino. Jacopo, chef italien à la cuisine claire et gourmande (pâté en croûte, brandade à la nîmoise, gâteau à l’orange…), Victoire à l’accueil adorable : emportez saveurs et atmosphère de ce restaurant de charme au sommet du village. Menu 30 €. Place des Pénitents. Tél : 04 94 43 25 26
Hyères
Dans la catégorie bistronomie à l’italienne et instinct de terroir, Chez Lulu est campione ! Un lieu, un théâtre, une poésie. On aimerait l’emporter. Faute de pouvoir déplacer meubles et vitrines on emporte sa part d’Italie, couleurs, saveurs, atmosphère. Menu 20 € (les lasagnes!), brunchs, «box des copains»… Piacere a tutti !
14 avenue des Îles d’Or. Tel. 04 94 00 32 61
Lorgues
La Table de Pôl
Raphaël Révador, Rachel et Julien Collard (le jeune chef) font un malheur avec leurs plats à 10 € et menus canailles à domicile (25 €). Bistronomique et locavore, accueil pétillant, on aime, on emporte ! 18 cours Clémenceau. Tél : 04 94 47 08 41.
Montferrat
Le Clos de Pierrepont. Magali et Julien Lépine proposent des plats de bon sens, une gastronomie bocusienne et un rapport qualité-prix incontestable. Menu 28 €. L’emporter… et revenir ! Route de Draguignan. Tél : 04.94.50.21.30.
Toulon
Carré 2 Vigne… Eh bien non, Céline et Julien Bazzano, auteurs de cette adresse de talent (Bib Gourmand au guide Michelin) n’ont pas cédé au chant du tout à emporter. Et l’expliquent : c’est un autre métier, qui ne s’improvise pas et ne doit pas bâcler la gastronomie en barquettes et sous plastique. Une position argumentée et déjà un projet : à leur fermeture annuelle, mi-juin, ils devraient ouvrir une «table d’été» ensoleillée et séduisante. Ces bosseurs savent bosser ! Tel. 04 94 92 98 21.
Le Local. En retrait des plages du Mourillon, la table de Thibaud et Caroline Durix est une référence de la bistronomie varoise. Autant emporter leurs plats (ne manquez pas les petits farcis !) ou le menu à 25 €, sans penser à demain dans ce restaurant en manque de quelques mètres carrés.
455 Littoral Frédéric Mistral. Tél. 04 94 20 61 32.
Vidauban
La Bastide des Magnans. Christian Boeuf et son chef Christophe Ciotta ont fêté les 20 ans de la Bastide. Cà se fête, en emportant leurs bons plats (risotto d’artichauts, magret rôti au miel, tiramisu aux fraises…). Menu 29 €. Avenue du Général Gallieni, tel 04 94 99 43 91
1 comment
Les menù a emporter c’est un travail important au moment. Mais esperons dans une rapide rouvertoure. En Italie c’est demain le grand jour. Tables a un metre. Masque pour le personel. Pas de gants. Masque pour le client quand il se leve de la table. Igiene des mains. Oblige de tenir pour 14 jours les nominatifs des clients. Fortement recommande là prise de la temperature et la reservation. Peut etre les meme regles en France.