On ne dira jamais assez l’importance d’une «table de quartier», lieu plus bistrot que gastro, convivial, d’une quasi anonymat urbain mais de solide réputation. Alors que dire lorsqu’un restaurant japonais se glisse dans le rôle ! A Nice, les initiés connaissent Maïdo, resté sept ans dans son cadre un peu bric à brac de la rue Tonduti de l’Escarène et qui a aménagé cette année rue Gioffredo, où il a succédé au Café Léa de l’excellent étoilé Nicolas Vernier, ancien de Dominique Le Stanc, au temps du Negresco.
Maïdo, de Kanako Hirose et Matthieu Bony, est un izakaia, équivalent japonais du bistrot français. Comptoir ouvert sur la rue, pour la vente à emporter, façade ouverte au rouge vif, salle au décor sobre…
Pour qui connait Tokyo et ses quartiers chics sait que dans leurs coulisses oeuvrent des cantines où on se régale de ramen (nouilles au sarrazin servies dans un bouillon) et d’autres plats de premier plaisir à prix mini. Maïdo a ce côté street food japonais, mais Kanako, native d’Osaka, propose davantage avec une cuisine traditionnelle parfois librement interprétée, jouée en plats et en tapas japonais et accompagnée d’une carte de vins aux choix judicieux rappelant sa formation de sommelière à Tokyo. Fèves vertes de soja (édamamé), gyozas – raviolis demi-lune crousti-fondants – ce jour là farcis de porc, chou et cébettes, beignets d’aile de poulet teba-karaagé, épicés en douceur, takoyaki comme à Osaka (boulettes de pâte aromatisées fourrées aux morceaux de poulpe), samosa végétarienne, aubergine grillée et mozzarella au miso, sauté de calamars de pêche locale et beurre Bordier, sériole de Méditerranée, marinée au miso… on aime la diversité et l’accord des saveurs.
La carte change chaque jour au gré des produits de saison, variée et généreuse jusqu’aux desserts (délicieuse mousse au sésame noir) avec, parfois en guest-star, ceux de Mélanie Tuz («Méla pâtisserie vivante») comme la tarte meringuée au citron et yuzu. Celle des vins ouvre sur une belle sélection de cuvées nature (coteaux du Languedoc de Mylène Bru, Ardèche « La Tribu », Bob Singlar du Domaine La Mongestine, en Provence…), sans oublier bières et whiskies japonais et un choix de sakés. Vive cette bistronomie japonaise !
Le midi, çà bosse, l’atmosphère est bon enfant, plutôt bistrot-boulot-Maïdo, accueil souriant et timing bien réglé pour une clientèle de toutes générations. Le soir, plus calme, invite à la découverte d’une adresse qui s’interdit la facilité (no sushis !) et rappelle que la cuisine japonaise, délicate, culturelle et complexe, est aussi à son aise dans la proximité sociale que dans le grand art culinaire. Maïdo est ainsi un peu plus qu’une table de quartier, une adresse tendre et discrète que Nice a adoptée et qui pourrait s’intituler Kokoro (cœur en japonais). Pour ma part, un coup de coeur bien sûr !
31 rue Gioffredo . Tel. 09 83 04 70 00. Env. 18/38 €. Tapas à partir de 6 €, bento du jour 15 €. Fermé dim. et lundi, et jeudi à dîner. Fermé pour les vacances de la Toussaint jusqu’au 6 novembre. Reprise mardi 9 nov.