Monaco. La deuxième vie de Rampoldi

Une institution ressuscitée, un chef italien, une terrasse «Orient Express»… la brasserie de luxe soigne sa nouvelle image.
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Au siècle dernier, Rampoldi, ouvert en 1946, voguait comme un galion chargé d’or, cuisine galonnée, service aux bonnes manières, esprit de brasserie luxe à deux pas de la place du Casino. C’était Rampoldi sinon rien grâce à Luciano Disaro, ex bras droit de Régine et maître de maison hors pair. Immuable, croyait-on, avant quatre ans de fermeture…

Depuis deux ans, l’avenue des Spélugues a retrouvé son chic refuge. Tandis qu’à la galerie supérieure, Bagatelle fermait ses portes l’été dernier, Rampoldi soigne son retour, enseigne intacte et terrasse façon wagon de l’Orient-Express… démontée à chaque Grand Prix de Formule I. 

Inutile de refaire l’histoire, un fort investissement venu de l’Est a mis les pendules monégasques à l’heure et dans ce feutré-doré, Antonio Salvatore est comme un poisson dans l’eau. Ce trentenaire natif de Matera, la ville troglodyte de la Basilicate, mène avec habileté une cuisine grand sud, à l’italienne, où ne manque aucun standard de terroir, du vitello tonnato piémontais aux paccheri à la sicilienne.

Il faut un certain talent pour jouer juste chaque jour un répertoire généraliste et ce chef le possède, comme il connait sa clientèle, ses désirs et ses aises. De la (trop) petite cuisine s’envolent de jolis plats comme les petits calamars poêlés aux artichauts, le risotto à la truffe blanche, raviolis au loup, palourdes et poutargue, joue de bœuf braisée, fraîcheur en dessert (la gelée à l’orange). Un Sancerre rouge «Le Graveron» 2014 (famille Bourgeois) fit le bonheur d’un midi de décembre avec ces plats de soleil.

Cuvées Parker et vasque Ruinart

La carte fait mine d’être «trattoria» – pas longtemps – et carpaccios et tartares (au King Crab du Kamchatka, 48 €), pâtes ou pizza à la truffe noire adoptent la tenue maison. Les flacons aussi. Deux ou trois Côtes de Provence sauvent l’honneur de l’appellation, Château Minuty, Domaines Ott ou le Garrus, rosé plaqué or (220 €) du Château d’Esclans. En lice, grands Bordeaux et vins du monde, l’Italie d’Ornellaia, Gaja ou Sassicaia, quelques labellisés Parker 100/100 et les belles cuvées Ruinart (la vasque dessinée et pressée par le designer israélien Ron Arad, 500 exemplaires dans le monde).

Mais pourquoi aller à Rampoldi? Pour la parure de luxe, sa tonalité club (l’espace lounge en sous-sol avec écran géant et le fumoir aux coffres dorés), sa belle tenue brasserie, une courtoisie sans génuflexions. A cette adresse ressuscitée, un chef-stratège pour qui la gastronomie à Moscou n’a plus de secrets pense déjà aux futurs Rampoldi, à New-York et à Londres. Monaco, paradis des marques !R