On peut commenter de toutes les manières le Saint-Tropez d’aujourd’hui, sa montée en gamme, en luxe, en prix, en fêtes, en images… peu importe, le désir tropézien demeure quelles que soient les époques. L’événement qui vient de s’achever sur la place des Lices en est l’illustration. Sujet: « Les chefs à Saint-Tropez fêtent les producteurs», quatrième édition. Image forte et bonne cause : le gratin des cuisiniers et le haut du panier des producteurs étaient rassemblés pour rappeler aux nombreux visiteurs que la cuisine (la bonne) nait d’un engagement collectif et d’un respect mutuel. Élémentaire mais encore faut-il le prouver.
Parrain de la manifestation et garant de cet axe majeur : Gérald Passédat, le trois étoiles du Petit Nice à Marseille, grand de Méditerranée et ardent défenseur de ses abysses. A ses côtés, Arnaud Donckele, trois étoiles au Cheval Blanc Saint-Tropez comme au Cheval Blanc Paris et une trilogie intacte : humilité, talent, transmission. Pierre Hermé, meilleur pâtissier du monde qui réinventa le macaron, a ouvert mille voies et présidait le jury du Concours de pâtisserie La Tarte Tropézienne. Autant dire un maître des saveurs guidant des courageux sur le chemin du mystère.
Au fil des journées, d’autres acteurs de premier plan, étoilés ou non, ont échangé savoirs, secrets et souvenirs. Dans le désordre protocolaire, Éric Fréchon, qui vient de quitter le Bristol, Guillaume Gomez, le plus tricolore de tous (chef des cuisines de l’Élysée), Frédéric Anton, trois étoiles au Pré Catelan, Fabien Ferré, trois depuis peu à La Table du Castellet, Christian Le Squer, Marcel Ravin, deux au Blue Bay (Monaco), Glenn Viel, deux Stéphanie Le Quellec, deux à La Scène, Olivier Nasti, deux à Kaysersberg… Norbert Tarayre, Éric Canino, Philippe Colinet, Rocco Seminara, Manon Santini, Laurent Tarridec, Marc Haeberlin, les frères Pourcel, Vincent Maillard, Christopher Hache, Franck Putelat, Sylvain Humbert, Jimmy Coutel… On en oublie bien sûr. En résumé, du beau monde.
Élément de séduction : la Place des Lices, qu’on ne présente plus, où rencontrer, écouter et voir en action, sur la scène des démonstrations culinaires, concours et «battles» autour d’un produit, quelques-uns des meilleurs chefs du moment, toutes générations confondues. Une place de légende devenue un marché chic et un concentré de terroirs. Près de 140 producteurs, sans lesquels il n’y aurait ni plaisir à table, ni compréhension des saisons y ont ouvert leurs étals. Indispensables compagnons de réussite des chefs et enfin en pleine lumière, la majorité d’entre eux étaient légitimes, quelques-uns, fussent-ils «locaux», légèrement hors sujet.
Au fil des stands (maraîchers, pêche, épices, plantes aromatiques, art de la table, miel, huile d’olive…), on notait les gourmands, vertueux ou inspirés, dont certains sont reconnus en haute gastronomie. Coquillages Giol, Loïc de Saleneuve, Plantin, Les Saveurs du Baou, Quosentis, La Ferme du Bessillon, Côte Bleue, Moulin de Callas, Élevage du Rove (Franck Gouiran), Poutargue de Vahé, La Serre du Plan, Domaine Richeaume, Huilerie Saint-Michel…
En route vers une cinquième édition, l’événement tropézien a étoffé l’offre des producteurs répartis dans ce cœur de village transformé en carré d’or. Enfin, trois journées c’est un temps long que bien des organisateurs de manifestations gastronomiques ne savent pas maîtriser ou n’ont pas les moyens de mener loin l’aventure. Saint-Tropez réussit l’exercice. Le rendez-vous des chefs et des producteurs y est installé et y construit son image, convivial, people et starisé sans excès, respectueux des métiers, de la nature, des savoirs, des savoir-faire… et tropéziennement festif.
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Principal journaliste d’ azur et photographe….Amitiés à tous deux.