Le Monte-Carlo Beach est un univers à part. Pour l’état civil, attaché à Roquebrune Cap Martin, pour le monde entier, indissociable de la Principauté et en termes d’art de vivre, cet hôtel-villa charmeur et rénové défend son propre rivage et un glamour Riviera toujours intact.
Sur le terrain de la gastronomie, le Beach et ses restaurants sont dans le droit fil d’excellence de la Société des Bains de Mer. A l’écart des palaces étoilés, Elsa, le plus séducteur – le décor, bleu et blanc Méditerranée, signé India Mahdavi ! – est aussi le plus engagé, certifié «100 % biologique et pêche sauvage» et fort d’un Green Globe obtenu pour le développement durable. Le bio n’y est pas un label au bois dormant mais un marqueur de l’époque.
Et puis il y a cette évolution, déterminante. Autrefois, la machosphère menait la vie dure aux femmes en cuisine, aujourd’hui elles ont pris la main. En Principauté, le Monte-Carlo Beach dirigé par Danièle Garcelon leur a ouvert les portes d’Elsa pour qu’elles créent et inspirent autrement. Manon Fleury l’an dernier mais sans lendemain et aujourd’hui Mélanie Serre ont indiqué une voie bio poussée à son maximum avec «l’objectif zéro déchet». Rien ne se perd, tout se cuisine et se déguste. Affaire à suivre…
Au premier jour de la saison selon Mélanie, j’ai découvert de quel bio se chauffait cette ardéchoise, Jeune Talent Gault & Millau qui assista Christophe Cussac, chef exécutif de l’Hôtel Métropole Monaco de 2012 à 2015 puis s’installa aux manettes à L’Atelier Étoile de Joël Robuchon (deux macarons Michelin). Sur une carte teintée d’agrumes, de notes fumées et de condiments pacifiques, l’entrée de carotte au cumin, pesto de fanes, jus rafraîchi à l’orange et gingembre apportait une belle fraîcheur, du croquant, de la cohérence. Arrivé tiède sur table, le filet de rouget, gnocchis de pomme de terre, roquette poivrée et condiment à l’ail noir, perdait l’avantage avant un vacherin aux fruits rouges et verveine, sorbet fraise, simplement réussi.
Sur la scène d’Elsa, si romanesque, Mélanie Serre semble dans le vrai. Le sens du produit, quelques notes sudistes (saint-pierre en bourride, courgettes, févettes, sarriette à l’huile d’olive), de jolies audaces (coques et palourdes en cannelloni, velouté de laitue, brousse de brebis et jus iodé au Vermouth), une maîtrise et une modernité rassurantes devraient suffire pour regagner l’étoile perdue. Cheffe et consultante, elle partagera son temps entre Elsa et Louis Vins, sa table bistronomique à Paris Ve. Sous l’oeil de Michelin ? Qu’importe puisque le plaisir (bio) est là.
Elsa au Monte-Carlo Beach, Av. Princesse Grace, Roquebrune-Cap-Martin. Tél. 04 93 28 66 66. Menus 68 € à déjeuner en semaine, 88 € week-end et jours fériés, 138 € (5 services). Carte env. 90/125 €. Ouvert mercredi à dimanche. Fermeture 2 octobre au soir.
jj