Voilà un restaurant joliment intitulé qui ne promet pas la lune et les étoiles. En marge de la bistronomie branchée il ne prétend qu’à cuisiner, sans esprit de compétition. Pour les grands enfants que nous somme c’est une bonne nouvelle. Ouvert l’été dernier par quatre copains baignant déjà dans le métier, Jérémy Brun, Jérémy Barge, Hong Eng et Luigi di Pierro, Amore a vite trouvé sa place ou plutôt son emplacement, stratégique, face à l’entrée de la mairie. Alors, tous à la cantine !…
La suite est gourmande et plus créative qu’on ne l’attendait. Si Fine Gueule, son excellent voisin de la rue piétonne, est désormais agrandi, ce «café-cantine» joue les petits formats en terrasse comme dans la salle aux voûtes blanches où s’envole une brassée de cœurs. On est pourtant à son aise pour goûter les plats de Jérémy Brun, grand gabarit, tatouage artiste et parcours étoffé (1). C’est cela le bon feeling de cette table de poche. Son naturel, sa décontraction, décor, service et atmosphère, enfin l’expérience d’un chef formé dans quelques adresses étoilées de la Côte et qui a su rebondir.
Mais quelle cuisine ? A la fois moderne et tradi, incisive et généreuse, elle mêle esprit de Méditerranée, horizons d’Asie et d’Amérique latine, ce qui ne signifie pas pour autant cuisine fusion. Les pâtes udon à la carbonara, jaune d’oeuf confit à l’huile d’olive, pecorino et crème guanciale, comme le velouté froid, courgette, miel et ricotta, les falafels et salade d’herbes comme les buns de thon crispy ou encore un houmous betterave, crème gorgonzola, coriandre et graines de courge ont plutôt la liberté voyageuse qu’on demande à une jeune table de son temps. Sur une carte joueuse où un chicken tandoori voisine avec la quiche lorraine, Jérémy réussit cet équilibre.
Saveurs, fraîcheur, inspiration, c’est la fête aux arômes, herbes et condiments, épices sans violence. Amore est gourmand jusqu’à la pâtisserie maison (délicieuse tarte aux pommes) et sur une carte ultra courte on croise quelques vins de niche puisés en Bourgogne et Pays d’Oc plus qu’en Provence, mais rien n’est figé. L’addition est d’une table à l’humeur badine, pas populaire : comptez autour de 40/50 €, entre 15 et 20 € pour un plat, 17,8 € pour un croq’ et pensez au brunch (30 à 50 €), aussi sympa et savoureux que l’est ce «café cantine».
Enfin, si vous avez aimé Amore, vous aimerez Dînette Café, 3 impasse Longchamp (06 21 95 52 55.) tout aussi malicieux et dont Jérémy Brun est aussi le chef exécutif. Une cantine chic avec terrasse au calme d’une impasse proche de la rue Masséna, imaginée par Jérémy Barge dont on connait le dynamisme (Pâtisserie Deli Bo à Nice, Plage des Pins à Villefranche-sur-Mer) et Adrien Bauchet. A nouveau, tous à la cantine !
- Concurrent de Top chef 2014, formé auprès de Jean-Claude Guillon au Grand-Hôtel du Cap Ferrat, Gordon Ramsay à Londres, Christian Sinicropi à La Palme d’Or à Cannes, second pendant sept ans de Jean-Denis Rieubland, puis de Virginie Basselot au Chantecler à l’hôtel Negresco.
Amore, rue de l’hôtel de ville, Nice. Tél. 06 50 61 56 92. cantine.amore@gmail.com
Petit-déjeuner 8h à 11h, cantine au déjeuner de lundi à samedi. Ouvert le soir, jeudi, vendredi, samedi.
Dînette Café, 3 impasse Longchamp (tel. 06 21 95 52 55. Fermé dimanche).