Alex Ricci a vendu son restaurant ! Alex l’aubergiste italien de «Geppetto» et sa cucina d’avant la bistronomie. Amoureux, généreux, libre, terrien, romanesque, fort en verbe, en gueule, en femmes (la seule, Carine !), en fêtes, en restos, en pasta…
J’ai connu Le Ménestrel, Pulcinella, Luna Rossa… puis Geppetto, d’abord rue Gioffredo, enfin rue Chauvain, son apothéose. Quarante-quatre ans à Nice après avoir couru le monde, plus de trente ans de restauration ensoleillée, des «pour» et des contre» à la pelle (è la vita !), les premiers l’emportant haut la main. On adorait son ego (lui aussi), son théâtre à l’italienne, le jeu bien rôdé, l’art d’en faire trop plus que pas assez. Jeudi 25 janvier était sa «dernière».
Bons plats, bonne humeur, bonnes quilles… la cuisine c’est du bien-être et aussi du spectacle. Rue Chauvain, une clientèle toutes catégories venait se régaler et se faire paterner, passer un bon moment et reprendre des couleurs sans parler gastronomie. C’était Geppetto, lieu gourmand où il n’était pas question de sommeiller, de boire à demi, encore moins de picorer.
«Il faut finir !» rugissait Alex, tatoué de frais, la barbe en bataille, le doigt pointant l’assiette du coupable. Finir quoi ? Les fettucine au pesto, le foie de veau vénitienne, la maccheronata sicilienne, les penne calabrese avec les perugine, petites saucisses niçoises. Ou encore tagliatelle, tortelloni, tagliolini, spaghetti aux vongole… La collection Ricci et ses pâtes servies au poêlon, enfin un tiramisu et un dessert-mystère, intitulé «Orgasme» ! Alex dans ses œuvres…
Combien reste-t-il d’adresses anti-neurasthénie comme Geppetto et combien d’aubergistes malicieux et non formatés comme Alex Ricci, restaurateur flamboyant que Nice a presque vu grandir ? Aubergiste-aventurier, l’espèce est devenue rare. On a changé d’époque, on est passé à autre chose. Alex a tiré le rideau et il manquera une pièce au puzzle de la restauration niçoise. Salut l’artiste, bonne santé, buona cucina, bon temps et grazie mille, Alex !