… L’esprit du marché, pas le saint esprit de la gastronomie. Le niçois Nicolas Mendjisky vient de lui consacrer l’essentiel de sa carrrière. Treize ans aux côtés de Christian Plumail et dix, rue Grimaldi, chef du Séjour Café de la famille Geille, voilà un contrat bien remplie dans des adresses sérieuses et reconnues. Désormais il roule pour lui et vient de s’installer à son compte, à deux pas de la place – et du marché – de la Libération.
Face à la cité marchande des Docks de la Riviera, son restaurant de poche succède aux refrains italiens de La Casa di Giorgio. Nicolas Mendjisky a changé le disque et apporte son expérience de la gastronomie dans ce bistrot qu’il a refait à neuf. Adresse de midi fréquentée d’abord par les habitants du quartier, c’est aussi une escale du soir ouverte à plus de recherche. Et quelle que soit la version inscrite à l’ardoise, Nicolas, seul cuisinier à l’ouvrage, stoppe à vingt-cinq couverts. Enthousiaste, pas inconscient !
Il réussit sans peine ce solo, secondé par Sophia, sa compagne, adorable et souriante à l’accueil comme au service. Les plats, généreux, sont autant de figures à l’équilibre entre bistrot et gastro. Crème de courgettes, feta et grenades, artichauts barigoule, foie gras mi-cuit, aiguillettes de daurade à la niçoise, risotto de langoustines, magret de canard sauce au vin, poitrine de veau et citron confit, cheese-cake au citron et aux fraises… Un esprit de bistrot au gré du marché, une cuisine au bon rapport prix-plaisir, voilà un re
On a bien dit bistrot, alors à chaque jour suffit son plat. Fricassée de volaille à l’ancienne le mardi, onglet de bœuf échalotes ou filet mignon de porc aux pruneaux et polenta le jeudi, aïoli le vendredi… Dans la salle claire où règne un photomontage grand format de la Gare de Lyon signé Serge Mendjisky, son grand’père et artiste aux mille talents, Nicolas fait «sa cuisine”. Elle est à sa place, faite pour le partage, sans éclats ni esbroufe, à l’écart d’une bistronomie qui rafle la mise un peu partout en ville.
On peut donc parler d’une «table de quartier», cela n’a rien d’infâmant. C’est même une bonne nouvelle pour cet autre cœur de ville, sans doute moins célèbre que le Cours Saleya mais chaleureux et authentique. Si la halle gourmande installée dans l’ancienne Gare du Sud n’a pas su convaincre et cherche toujours sa voie, le quartier est loin d’être démuni en bonnes adresses. On pense notamment à La Table du Marché de Jonathan Haddouk, boulevard Joseph Garnier, sur le même créneau que Le Bistrot des Docks. Et dans un autre registre, rue Clément Roassal, à Racines, le «restaurant potager» de Bruno Cirino dont la gastronomie des légumes, fraîchement étoilée, est une merveille à découvrir d’urgence (le soir seulement). C’est dans ce contexte que Nicolas Mendjisky vient d’entrer en scène, avec confiance et humilité. Bons plats, bon esprit, bonne humeur… bon début, quartier de la Libé !
Le Bistrot des docks, 2 rue Flaminius Raiberti, Nice. Tel. 04 23 20 72 55. Formule déjeuner 22 €. Carte env. 40/50 €. Plats à emporter 15 €. Fermé dimanche et lundi. Ouvert à déjeuner de mardi à samedi et à dîner de jeudi à samedi.