De l’extérieur, c’est quasiment ni vu, ni connu. Une adresse de quartier comme une autre avec terrasse protégée par une haie de verdure. Lou Pantail doit vivre heureux puisqu’il vit caché ! Mais plus d’un indic vous mettra sur sa piste en donnant pour repère l’église Sainte-Jeanne-d’Arc aux coupoles de béton blanc, surnommée la meringue.
Avant de devenir une pizzeria en 1989 puis l’un des bastions de la cuisine niçoise, on y suivait les cours de catéchisme de l’église. Un saint lieu, déjà ! Mais avis aux prédicateurs : Lou Pantail – “le rêve” – n’a rien d’un temple enfoui avec gardiens des recettes d’antan, c’est une table qui accueille et rassemble, une affaire de famille tenue par Céline et Jean-Paul Nespolo. Ce pur niçois, ex joueur de foot amateur à l’OGC Nice et ancien de la grande époque de la brasserie Félix Faure, a tout appris de Jacqueline, sa mère, cordon bleu qui n’a jamais ménagé ses conseils.
Alors, en terre de nissartitude, voici l’avant-garde. Socca et pissaladière, craquantes ou moelleuses, militantes d’une “cuisine pauvre” touchante de vérité.
La suite est une histoire de terroirs croisés, à l’italo-niçoise. Epatante daube-raviolis – “de la nonna” (la grand’mère) – gnocchis à la sorrentina, tagliolini aux courgettes et tomates, tartare de veau aux artichauts violets et parmesan, savoureuse escalope milanaise, pâtes carbonara collector !
Les pizzas bien sûr – Margo, Pantail, Burrata… – les petits farcis, le capoun, le pan bagnat du dimanche – un pain rond de la vertueuse boulangerie Bordonnat – la tourta de blea ou une délicieuse pavlova quasiment naturalisée niçoise… autant de petits bonheurs. Et chaque premier vendredi du mois c’est stockfisch !
Dommage, la carte des vins est bien timide et manque d’étiquettes complices de cet esprit maison (aucun Bellet, l’appellation niçoise !) et sans faire injure à l’huile d’olive haute couture du Château d’Estoublon, cet or du pays des Baux (Fontvieille), quelques gouttes de cailletier ou de taggiasca de Ligurie seraient aussi bienvenues.
Mais cette “salle à manger du niçois” au clair décor de pierres apparentes est bien, à sa façon, une adresse de gastronomie. Savoir-faire, qualité des produits, esprit d’équipe, chaleur de l’accueil, accord prix-plaisir, on ne discute pas classe sociale ou pouvoir d’achat, on s’attable, midi ou soir, venu de Cannes, Antibes ou Monaco comme des quartiers voisins. Céline et Jean-Paul, Yannick, chef depuis quinze ans, Jérémie et Christophe en salle, sans doute la relève, Paul – papa Nespolo – qui fait son tour de garde… Ce doit être çà un restaurant en famille. Une bonne humeur, un fluide, un partage. A quoi bon, alors, sacraliser la cuisine niçoise inscrite à je ne sais quel patrimoine mondial. Mieux vaut la vivre ainsi. Au quotidien.
Infos pratiques
- Adresse : 107 avenue Saint-Lambert 06100 Nice
- Tél : 04 93 52 02 51
- Site : www.loupantail.com
- Carte : Env. 35/58 €, pizzas 12,80 à 20,80 €
- Fermeture : Fermé lundi