Vidauban. La flamme intacte de la Bastide des Magnans

La Bastide des Magnans s’apprête à fêter ses vingt ans. C’est une vieille connaissance et l’une des quatre ou cinq étapes de confiance qui jalonnent la traversée du Var, au fil de l’autoroute. La gastronomie est en lieu sûr dans cette maison à l’écart du centre de Vidauban, bâtisse aux murs de pierres avec cinq chambres douces (Romantique, Pont de Bateau, l’Asiatique…), blanche salle à manger et terrasse à l’ombre de mûriers et platanes.

Ici, les habitués s’accordent sur l’accueil de Christian Boeuf et le sérieux de Christophe Ciotta, ancien de Jacques Chibois. Les Magnans, adresse de réconciliation et du devoir bien fait, c’est du sûr !

J’aime sa simple convivialité, le gourmand de l’assiette – les ravioles de joue de boeuf dans un bouillon à la truffe – la sincérité du produit et des saveurs sans entourloupe comme le pavé de turbot rôti en émulsion marinière, truffe et crosnes, le feuilleté de ris de veau ou la tarte au citron yuzu, gentiment ciselée, sorbet au citron de Menton et sirop basilic.

Autres bons points, la carte des vins, avisée en crus varois (Gavaisson, Jale, Mouresse, Margui, Saint-Julien d’Aille, Clos Cassivet…) et un service attentionné qui ne valse pas aux quatre vents. Le menu du terroir n’est pas toujours un pur varois mais apporte un vrai rapport qualité-prix et l’hiver, Christian Boeuf exporte le savoir de sa Bastide à quelques enjambées d’ici, au Château Saint-Julien d’Aille, le beau domaine Côtes de Provence de Bernard Fleury, pour une «Journée de la Truffe” avec marché des producteurs et déjeuner truffier.

Vingt ans… on s’attendrait à une petite fatigue et on le comprendrait, vu la dureté du temps qui éteint plus d’une enseigne, mais cette adresse de devoir où le chef tient les fourneaux depuis la première heure, résiste, riche en amateurs du littoral et résidents d’une Europe fidèle à la Provence.
Ces habitués louent ses menus à thèmes et sa régularité. Dommage qu’elle soit moins en cour auprès d’instances comme GaultMillau (12/20) ou Michelin, qui l’ignore depuis trois ans. Même oublié du guide rouge, la vie continue et l’envie est intacte mais il y a de l’injustice dans l’air !