La cuisine ou le show-biz ? Inaugurée le 14 juillet 2020, dans l’ancienne villa Vaste Horizon, propriété de la commune de Mougins, Da Laura, promettait longue vie à l’union de la «cucina autentica» de Laura Merlo et du sens du spectacle du producteur Gérard Louvin. L’aventure a duré un peu plus de deux ans, décembre a marqué la fin de ce duo éphémère et Laura reste seule en scène dans la villa qui abrita les amours de Picasso et Dora Maar.
C’est une bonne nouvelle. A Cannes, depuis plus de trente ans, le savoir-faire et le faire-savoir de la diva turinoise font merveille. Sa cuisine italienn n’est peut-être pas la plus pointue du grand sud mais elle parle simple et bon dans ce petit théâtre au fan club international. Laura a le sens de la fête, alors buon appetito a tutti !
A Mougins, un élan nouveau porte cette adresse désormais sous pavillon Laura. Bien sûr il y a sa joie de rire, son style, ses paris de couleurs, le bar américain, la salle-terrasse végétalisée avec vue sur les îles de Lérins, le salon d’art, plus intimiste… Mais à deux pas de Bohème, excellent restaurant carnivore, Da Laura tient l’entrée du village et sa priorité est plus que jamais la cucina.
Dans ce restaurant qui débute à nouveau, Simona Pinto, tenue noire et coiffe aux éclats de couleurs, fait passer un autre frisson italien. Comme un appel du sud venu de Copertino, son village natal près de Lecce, ville élégante qui séduit autant par ses savoureuses orecchiette que par le baroque de ses églises et palais.
La «ragazza de Copertino», au parcours éclectique (notamment Le Comptoir de Nicole Monaco, La Salle Empire de l’Hôtel de Paris , restauration de plage, restauration privée…) donne le ton. «La cuisine est le lieu où je transforme tout ce qui fâche en poésie». Diable ! «Da Laura», affaire sensible ? On est prêt à le croire tant son terroir du sud de l’Italie fait des prouesses, à la manière niçoise, avec ses «plats de pauvre».
On goûte l’incontournable focaccia aux navets, oignons ou tomates concassées, le tartare de poisson cru, sauce aux agrumes, le parmesan d’aubergine, pesto de roquette et ricotta fondue ou les encornets vapeur, purée de fenouil, chips d’aubergine et tomate d’hiver. Les orecchiette, bien sûr, comme à Lecce, «alle cime di rapa», aux pousses de navets sinon de brocolis-raves, autrement dit la cuisson des pâtes et des légumes dans la même marmite.
Ou encore un pugliese – poulpe, pomme de terre, câpres et olives – typique lui aussi de la région des Pouilles. Enfin les purceddhruzzi à base de miel et fruits confits, gâteaux de Noël propres à la cuisine des Pouilles et de la Basilicate, cuits dans la cheminée et dont la forme évoque des petits cochons.
Fort de ces terroirs du sud qui donnent du peps à une carte plus généraliste – ravioles à la crème de truffe blanche, gnocchis, tomate et gorgonzola, risottos quotidiens, linguine aux palourdes et courgettes, semifreddo d’agrumes… et grâce à la conduite de salle du romain Jonathan Medugna, diplômé de l’École hôtelière de Lausanne, ancien de L’Amandier à Mougins et de Da Laura Cannes, l’adresse a un moral tout neuf.
Le charme discret de la cuisinière du Salento et l’énergie pétillante de Laura la piémontaise, voilà sans doute la clé pour durer. Mougins y compte bien. Une table en pleine forme n’est jamais de trop dans un paysage sans étoiles (mais qu’attend Michelin pour en accorder une à La Place de Mougins de Denis Fétisson?).
Quant à Laura, diplômée en énergie et projets, elle ouvrira au printemps prochain, Il Baretto, face au Palais des Festivals. Un petit bar où on dégustera les cicchetti comme à Venise, collations servies au comptoir dans les “bàcari” traditionnels de la cité des Doges. A Cannes et à Mougins, on n’a pas fini de parler de la cucina italiana !
18 Bd Courteline, Mougins. Tél. 04 92 99 06 31 Env. 45/60 €. Ouvert du mardi au dimanche de 12h à 14h et de 19h à 22h sauf dimanche de 12h à 14h.