Qu’est-ce qu’un «restaurant de quartier» ? Les experts de l’Onu, les émissaires du Saint-Siège et les inspecteurs du guide Michelin se penchent rarement sur le sujet. Trop savants, ils ignorent cet objet peu identifié qui ne rapporte aucune médaille et pèse peu dans la marche du monde . Ils oublient simplement notre quotidien.
A Nice, «A la Table du Marché» est l’une de ces adresses qui échappent à leurs radars mais pas à la fidélité de leurs clients. Son «fondateur», Florent Barbereau, tourangeau naturalisé niçois, fit de ce restaurant à l’exiguïté chaleureuse une référence de la restauration «de quartier», en l’occurrence l’un des plus animés, celui du marché de la Libération. Un Cv bien rempli – Les Templiers aux Bézards, Le Mas du Langoustier (Porquerolles), le Grand Hôtel de Cala Rossa (Porto-Vecchio), Jean Sulpice à Val Thorens, Le Mas de Pierre à Saint-Paul de Vence… – mais surtout l’art de cuisiner simple et bon – et seul à l’ouvrage – firent le succès de son «p’tit resto».
Aujourd’hui, «Flo» s’est retiré mais c’est toujours fête boulevard Joseph Garnier. Jonathan Haddouck a repris depuis six mois cette adresse adorable avec terrasse couverte et vitrée et en a conservé l’esprit. Lui aussi a connu les belles maisons et les chefs de renom, en France et à l’international. Jean-Marc Delacourt au Château de la Chèvre d’Or, Alain Llorca au Chantecler, les tables du Groupe Giraudy à Monaco, des escales au Gabon et à Montréal… Son parcours est relevé mais l’envie d’ouvrir son restaurant l’a emporté sur les joies et les contraintes du circuit aux étoiles.
A son tour seul aux fourneaux dans sa cuisine façon cabine téléphonique, il réussit l’exploit quotidien de faire bon et gourmand pour une trentaine de couverts, épice sans fureur et se révèle fin saucier. Joue de cochon braisée, moutarde à l’ancienne, légumes racines et gnocchis ; foie gras mi cuit au torchon, chutney de figues, pain brioché toasté ; rigatonis sauce norma, crème de burrata, aubergines, basilic et tomates ou paccheris napolitains ; mi cuit au chocolat, caramel beurre salé et glace vanille; tarte tatin… l’assiette est généreuse, l’ardoise jamais figée, le registre tous terroirs, avec priorité méditerranéenne, est sans doute plus voyageur qu’auparavant.
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On se dit alors que la gastronomie commence dans une adresse comme celle-ci, créative mais libre de tout esprit de compétition et simplement attachée au bonheur de ses clients. Midis des travailleurs ou soirs de détente, la table de Jonathan fait le plein. Elle fonctionne à la bonne humeur, à l’exemplarité et se moque des critiques savantes. C’est une table heureuse.
A la Table du Marché, 24 Bd Joseph Garnier (04.93.78.43.77.). Plat du jour 13.50 €. Formules 15.90 et 18.90 € (plat du jour, dessert, vin ou café). 13 et 15,50 €. Ardoise env. 20/30 € à déj. et 35/40 € à dîner. Fermé dimanche et lundi, mardi et mercredi soirs.
1 comment
Oui c’est vrai chez Jonathan on n’est bien reçu et on mange très bien 🤩